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Le danger des extrémismes

16 juin 2024/dans blog, une/par Anne Soupa

Mardi 11 juin

Comment, en ce surlendemain d’élections, éviter de revenir ensemble sur le choc que nous éprouvons ? Ce n’est pas tant le score du Rassemblement National qui fait le choc, car il était annoncé, mais c’est sa conséquence, la dissolution. Elle nous touche tous. Pourquoi ? Parce qu’elle met la France face à elle-même. Cette épreuve de vérité nous met soudain devant le miroir. Et ce que je vois, de mon petit point de vue, c’est, omniprésents, tonitruants et dos à dos, le mensonge et la violence des partis extrêmes. Les deux disent à leur manière le grand risque de ces élections à venir.

Pourtant, c’est sur le terrain, et non dans les appareils politiques que les vraies échéances se posent. On y voit l’ampleur de la fracture française. D’un côté les grandes villes, à l’aise dans la mondialisation, de l’autre les territoires, souffrant d’un sentiment d’abandon, et convaincus que l’Europe ne les aide pas. C’est aussi sur le terrain qu’un semblant de vérité peut surgir, quand on prend acte des vrais problèmes dont souffrent les Français.

Le mensonge, il est de donner une cause unique à cette fracture. Comme la dérive des continents, elle a mis du temps à se voir, et elle en mettra beaucoup à se refermer. L’un des enseignements de la modernité sur lesquels nous devons travailler, c’est que les changements sont longs à corriger, tandis que les échéances électorales sont à très court terme. Et cela questionne aussi notre démocratie…

Quant à la violence, elle est dans les mots et l’outrance qui ouvrent cette campagne.

Je reconnais que je dresse un bien triste tableau de ce qui nous arrive, et j’espère encore que demain me démentira.

Il est vraisemblable qu’en juillet le Rassemblement national arrivera au gouvernement. Dans une conscience républicaine, rien ne doit empêcher une majorité qui peut se confirmer le 7 juillet, d’accéder au pouvoir et de gouverner. Mais le RN parviendra-t-il à résorber la fracture française ? Je crois qu’on ne résout rien avec le mensonge. On vit d’expédients, de contradictions et d’incohérences, et le plus souvent, on transfère les problèmes aux suivants. Retraite à 60 ans et résorption de la dette publique, déjà, ne font pas bon ménage. Dès l’automne, avec le vote du budget, le principe de réalité prendra le dessus et alors, les Français seront juges.

Par ailleurs, la dissolution a ouvert le champ des passions et les partis d’extrême gauche s’y engouffrent. Menés par un allumeur d’incendies, les membres de la NUPES, après avoir dit pis que pendre les uns des autres, osent reprendre le chemin d’une alliance sacrée. Qui dira que l’appât des sièges n’y est pour rien ?

Pour le moment, j’entends encore trop peu de monde se plaindre du mensonge et de la violence.

Certains diront que c’est le débat républicain. Que la parole est libre, et bénéfique. Que notre République s’est construite sur une absolue liberté de parole. Or, la parole n’est pas que libérante. Souvenons-nous de la Lettre de Jacques ; elle met bien en lumière les méfaits de la « langue ».

« La langue, personne ne peut la dompter : c’est un fléau sans repos. Elle est pleine d’un venin mortel. Par elle nous bénissons le Seigneur et Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi ». (Jacques 3, 8-10)

Oui, le meilleur et le pire… Comment faire qu’il n’en soit pas ainsi ? Pour ma part, je fais une grande différence entre divergences et division. Les divergences s’expriment sur un programme : on fait connaître ses priorités, on déploie une ligne politique. La division, elle, naît de l’invective : attaque frontale, insulte, dénigrement, « front de luttes », « barrage » …  Bref, c’est le règne du « contre », avec une personnalisation assassine. La divergence, elle, tente de rester constructive, alors que la division détruit. La divergence dit ce que l’on veut, la division accuse l’autre.  Trouver le bouc émissaire, c’est le ba-ba d’une campagne qui divise.

Or, je crains beaucoup la montée de l’esprit de division. Cela fait des années que, comme beaucoup, je vois à l’œuvre les forces de division, en France, mais aussi ailleurs. Il est probable que les réseaux sociaux, par l’anonymat qu’ils installent, favorisent la violence verbale et creusent plus profond la fracture, nous persuadant que nous avons tous raison et que l’autre a tort. Mais les partis portent aussi une sérieuse responsabilité.

Serions-nous donc au bord de la guerre civile ?

En christianisme, la division porte un nom : elle est diabolique, œuvre du diable, le diabolos, le diviseur. Je ne crois pas que le diable soit une personne, comme les discours du magistère romain le laissent entendre. Pour moi, c’est une force intérieure au psychisme humain, qui vient de nos pulsions. C’est nous qui la manipulons lorsque nous divisons, et nous sommes tous tentés de diviser. Mais elle est d’une inquiétante puissance, car elle agit souvent à notre insu. Et elle possède une vraie force de séduction. On parle bien de la beauté du diable.

Comment, en tant que chrétiens, refuser la division diabolique ? Comment faire entendre la nécessaire nuance, celle qui obéit au principe de réalité ? La question est pesante, parce que les réponses sont balbutiantes. Faute de disposer d’une prise de parole de l’épiscopat, je rappelle la déclaration des évêques de Lille, Arras et Cambrai qui appelle à plus de sagesse et de fidélité au service commun. La Fédération protestante n’a rien dit pour le moment.

Dans ce contexte, les chrétiens sont livrés à leurs engagements quotidiens, et à un travail sur eux-mêmes qui ne sera jamais achevé, car chacun porte en lui la tentation de diviser. Ils ont aussi, me semble-t-il, la possibilité et même le devoir de s’exprimer au sein de mouvements associatifs et politiques, pour dire non au mensonge et à la violence. N’oublions pas que, si la NUPES et les deux partis d’extrême droite totalisent maintenant près de 70% des Français, les 30% restants doivent cependant garder la parole. Je souhaite bonne chance et bon courage aux candidats chrétiens qui, ces jours-ci, vont commencer leur campagne.

Anne Soupa

 

 

 

 

 

 

 

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Anne Soupa
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Anne
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Pour les catholiques qu’une structure obsolète accable, je suis un tout petit, petit, coin de ciel bleu. Une figure de résistance, d’espérance peut-être, qui dit non quand elle pense devoir dire non et qui essaie de ne pas céder à la peur, ce fléau dont nos esprits sont si souvent affligés.

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